Après la publication de son livre FLONFLONS et LAMPIONS à LA BUTTE PINSON, Isabelle Courtade dédicacera son ouvrage et donnera une nouvelle conférence au musée le :

Dimanche 18 mai 2025 à 17h Tarif : 10 euros/personne.

Nota : chaque billet réglé inclut, pour ceux qui le souhaitent, une visite guidée d’environ 1/2 heure au PHONO Muséum Paris, valable ce même jour entre 10H00 et 16H30.

Isabelle Courtade, après des études universitaires d’histoire, a été enseignante en Arts Plastiques. Chanteuse amateur,  elle interprète le répertoire des années 20’ pour lequel elle se passionne. Elle entreprend il y a 5 ans une recherche sur la famille maternelle et la fameuse guinguette qu’ils ont créée au début du XXème siècle. De là, elle élargit ses recherches, réunit des archives et des ouvrages peu courants, pour écrire Flonflons et Lampions.

Isabelle Courtade prépare actuellement un deuxième ouvrage qui présentera de nombreuses guinguettes de la banlieue parisienne dont certaines tout à fait étonnantes.
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Voulez-vous connaître ce pan de la culture populaire de la banlieue parisienne ?
Ouvrez FLONFLONS et LAMPIONS à LA BUTTE PINSON, vous vous retrouverez immergés dans le monde des guinguettes… Depuis quelques décennies, les guinguettes refleurissent aux quatre coins de la France, pour assouvir notre soif de convivialité, alors jetons un œil dans le rétroviseur pour découvrir vraiment les guinguettes d’antan.
Si Nogent-sur-Marne (94) a capitalisé la mémoire de ces lieux de divertissement, ceux de la Butte Pinson entre Montmagny (95) et Pierrefitte-sur-Seine (93), sont tombés dans un oubli relatif, recouverts par l’urbanisation et la culture urbaine de la Banlieue Nord de Paris, qui n’est pas si éloignée des guinguettes que l’on pourrait le croire.
Petite-fille des fondateurs du Café Daubercies Bal-des-Panoramas Garden Dancing, Isabelle Courtade a cherché à reconstituer l’histoire de ce lieu festif, ainsi que celle de son concurrent, le Moulin de la Galette du Père Bayot.
Cette enquête à conduit l’écrivaine à bien d’autres établissements voisins, cafés ou buvettes. Un véritable quartier des guinguettes ! Au son de l’accordéon et au rythme de la java, découvrez les multiples facettes de ces guinguettes à travers cette véritable enquête illustrée, leurs danses et les plaisirs des sens qu’on y partage.
Autre aspect, non des moins étonnants, ces établissements avec leurs jeux, font figure d’ancêtres de nos parcs d’attraction actuels. Mais c’est une autre histoire…
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Billetterie accessible en cliquant ici ➡ Hello Asso

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Nota : le livre FLONFLONS et LAMPIONS à LA BUTTE PINSON d’Isabelle Courtade est actuellement en vente au PHONO Museum Paris, au prix de 20 euros TTC.

Concert-Conférence par Norman Barreau-Gély, Clair & Yan Blakesley :

Dimanche 16 mars 2025 à 18h – Tarif : 20 euros/personne.

Clair Blakesley, accompagnée de guitares dans un Tour de chant composé jadis exclusivement pour le Club R-26, à la première mitan du XXème siècle. Les chansons jouées lors de ce concert sont donc toutes inédites. Puis, au cours de cette soirée, le Tour de chant laisse place à la Conférence qui nous fait revivre l’histoire de ce lieu montmartrois devenu mythique…

Saviez-vous que durant plus 80 ans avait existé à Montmartre un réseau social où se côtoyaient artistes et inconnus, intellectuels et autres amateurs éclairés, qui se retrouvaient au 6e étage de l’immeuble du 26, rue Norvins, aujourd’hui Place Marcel Aymé ? Le R-26 fut ainsi l’un des clubs les plus sélect et ouvert à la fois, dont les membres devaient « aimer la Butte, la choucroute, la musique, le marc de Bourgogne, la poésie, la simplicité, l’amour, le bon vin et la belle amitié », bref un club typiquement montmartrois, dont aujourd’hui très peu de gens se souviennent ; et pourtant…

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Montmartre, 1925. Madeleine et Robert Perrier, jeune couple à la tête d’une entreprise de négoce de soie, louent un joli duplex en haut de la Butte. Fournisseurs de tissus pour les grandes maisons de couture, ils aiment recevoir et organisent de nombreuses soirées où ils invitent leurs amis mais aussi les amis de leurs amis qui deviennent progressivement leurs propres amis… Artistes, voisins, peintres, poètes, architectes et musiciens se retrouvent régulièrement chez les Perrier, et un peu avant 1930, il est décidé de donner un nom à cet endroit ; ainsi naît le R-26, R pour Robert et 26 pour le numéro de la rue Norvins.
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Montmartre. En 2019, Norman Barreau-Gély, est un jeune comédien passionné de jazz, plus particulièrement de chansons de l’entre deux guerres. Parmi ses titres fétiches, il écoute en boucle « les Salades de l’Oncle François » interprété par une certaine Jacotte Perrier ! Il y a un peu plus de quatre ans, il rencontre la fille de Jacotte, qui lui raconte l’incroyable histoire du Club R-26, et qui décide de lui confier les archives de la famille ; un trésor inestimable comprenant les quelques 300 partitions de chansons écrites par les Perrier, mais aussi des photos, leur correspondance, un journal intime rédigé durant la seconde guerre mondiale, et des dizaines de bobines de films s’étalant de 1925 à 1935…

Plus de précisions sur le Club R-26 en cliquant sur MONTMARTRE addict.

 

Billetterie accessible en cliquant ici ➡ Hello Asso

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À l’occasion de la publication de son livre FLONFLONS et LAMPIONS à LA BUTTE PINSON, et pour tout savoir sur les guinguettes et leur histoire, nous avons le grand plaisir de vous annoncer qu’ Isabelle Courtade dédicacera son ouvrage et donnera une conférence au musée le :

Mardi 14 janvier 2025 à 19h

 

Nota : depuis le 15 janvier 2025, le livre FLONFLONS et LAMPIONS à LA BUTTE PINSON d’Isabelle Courtade est en vente au PHONO Museum Paris, au prix de 20 euros TTC.

 

 

Et si on parlait de GUINGUETTES ? Avant d’avoir trop bu… Car franchement, on y buvait beaucoup, toutes sortes de boissons fortes, très fortes même (appelées «liqueurs») rien à moins de 40 degrés, de la bière, du cidre et des cerises… à l’eau de vie! La santé par les plantes !!!!!!
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Voulez-vous connaître ce pan de la culture populaire de la banlieue parisienne ?
Ouvrez FLONFLONS et LAMPIONS à LA BUTTE PINSON, vous vous retrouverez immergés dans le monde des guinguettes… Depuis quelques décennies, les guinguettes refleurissent aux quatre coins de la France, pour assouvir notre soif de convivialité, alors jetons un œil dans le rétroviseur pour découvrir vraiment les guinguettes d’antan.
Si Nogent-sur-Marne (94) a capitalisé la mémoire de ces lieux de divertissement, ceux de la Butte Pinson entre Montmagny (95) et Pierrefitte-sur-Seine (93), sont tombés dans un oubli relatif, recouverts par l’urbanisation et la culture urbaine de la Banlieue Nord de Paris, qui n’est pas si éloignée des guinguettes que l’on pourrait le croire.
Petite-fille des fondateurs du Café Daubercies Bal-des-Panoramas Garden Dancing, Isabelle Courtade a cherché à reconstituer l’histoire de ce lieu festif, ainsi que celle de son concurrent, le Moulin de la Galette du Père Bayot.
Cette enquête à conduit l’écrivaine à bien d’autres établissements voisins, cafés ou buvettes. Un véritable quartier des guinguettes ! Au son de l’accordéon et au rythme de la java, découvrez les multiples facettes de ces guinguettes à travers cette véritable enquête illustrée, leurs danses et les plaisirs des sens qu’on y partage.
Autre aspect, non des moins étonnants, ces établissements avec leurs jeux, font figure d’ancêtres de nos parcs d’attraction actuels. Mais c’est une autre histoire…
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«Breuvages mystérieux, colorés, ces alcools sont humbles au goût, mais somptueusement néfastes à l’estomac» et ils coupent l’appétit plus qu’ils ne l’ouvrent.

 

 

Nota : depuis le 15 janvier 2025, le livre FLONFLONS et LAMPIONS à LA BUTTE PINSON d’Isabelle Courtade est en vente au PHONO Museum Paris, au prix de 20 euros TTC.

Première institution créée au monde pour archiver des enregistrements sonores, le Phonogrammarchiv de Vienne a été fondé en 1899 au sein de l’Académie impériale des sciences. Aujourd’hui, ses collections représentent plus de 15.000 heures d’enregistrements uniques, constituant parfois de rares témoignages linguistiques ou musicaux.

En 2024, le Phonogrammarchiv fête ses 125 ans. Voici donc l’occasion de revenir sur ses débuts, sa technique d’enregistrement alors inventée ainsi que ses collections historiques (1899–1950), patrimoine sonore inscrit au Registre Mémoire du Monde de l’UNESCO il y a 25 ans.

Provenant de six continents, quelques incontournables de ces fonds seront présentés, dont les premiers documents sonores du Brésil (1901) et du Kalahari (1908), des anciens enregistrements réalisés lors des enquêtes phonographiques en Inde (1904–1905) et en Papouasie-Nouvelle-Guinée (1904–1906), mais aussi des enregistrements historiques faits en France – tels qu’en Bretagne (1908) et au Pays Basque (1913) – ou ailleurs en Europe, ainsi que des voix des personnalités importantes (comme l’Empereur François-Joseph Ier, Arthur Schnitzler etc.)

M. Christian Liebl a étudié l’anglais, l’allemand et l’histoire de l’art dans les universités d’Édimbourg et de Vienne, suivi par un cours en bibliothéconomie et sciences de l’information. Associé au Phonogrammarchiv à divers titres depuis 1994, il est actuellement conservateur de ses collections historiques (1899–1950), dont il s’occupe régulièrement dans le cadre de publications et de conférences.

 

Conférence – Le Phonogrammarchiv de Vienne – Vendredi 6 décembre 2024 à 19H00.

Entrée Libre au Phono Museum Paris, 53, boulevard de Rochechouart, 75009 Paris.

 

Phrynis Pavillon assymétrique

Une conférence est organisée le mardi 14 novembre 2023 à 14h30 dans les locaux du PHONO Museum Paris, le musée du son enregistré.

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Cylindres, disques et enregistrements magnétiques :

des collections privées au service des collections publiques

par Henri Chamoux,

docteur en histoire, ingénieur d’étude à l’ ENS de Lyon, (LARHRA-CNRS)

Les enregistrements sonores de la première moitié du XXe siècle, dont le nombre fut incroyablement élevé, sont aujourd’hui connus pour leur rareté, leur richesse, et leur fragilité. Pour des raisons diverses, une bonne part de ces productions sonores a échappé aux circuits académiques de conservation, et le rôle des collections privées est de combler les lacunes du dépôt légal, ou du moins de donner accès aux contenus réputés perdus. 

En s’appuyant sur des exemples concrets et illustrés, avec quelques auditions de fragments sonores anciens insoupçonnés, cet exposé évoquera les découvertes, les cheminements, ainsi que les rencontres qui permettent la mise à disposition gracieuse de leurs contenus en ligne, et conduisent parfois à la sortie de ces documents du cercle privé vers les archives publiques.

Cette conférence est soutenue par le Centre national de la musique.

A l’occasion de la publication de son dernier livre consacré à Féodor Chaliapine, nous avons le grand plaisir de vous annoncer que Sylvie Mamy donnera une conférence au musée le :

Mardi 17 octobre 2023 à 19h


Séance d’enregistrement de l’artiste

Né en 1873 dans la ville de Kazan, en Russie, dans un milieu très pauvre, Feodor Chaliapine a commencé sa carrière en sillonnant les bords de la Volga dans des compagnies théâtrales nomades. Grâce à ses dons exceptionnels, très jeune, il a pu accéder aux prestigieuses scènes des théâtres impériaux, à Saint-Pétersbourg et à Moscou. C’est en 1908, avec la compagnie formée par Serge Diaghilev, qu’il a chanté pour la première fois à l’Opéra Garnier, éblouissant le public parisien dans l’un de ses rôles emblématiques, le Boris Godounov de Moussorgsky.

Féodir Chaliapine en Boris Godounov

Aussi grand chanteur que grand acteur, Chaliapine s’est imposé sur les plus grandes scènes européennes, américaines et du monde entier dans des rôles très différents : le tsar Ivan le Terrible (dans la Pskovitaine de Rimski-Korsakov), le Vieux-Croyant Dossifei – qui entraîne son peuple à s’immoler sur le bûcher – (dans la Khovanchtchina de Moussorgsky), le Meunier qui devient fou lorsque sa fille, par chagrin d’amour, se jette à l’eau (et devient Roussalka). Il interpréta aussi, avec une grande force comique, le Don Basilio dans le Barbier de Séville de Rossini, le rôle satanique de Méphistophélès dans le Faust de Gounod, ainsi que le Don Quichotte, un opéra écrit spécialement pour lui par Massenet. 

Chaliapine fut l’un des premiers grands chanteurs d’opéra à pouvoir écouter sa voix et la faire entendre à travers le monde par le moyen du 78 tours. Il a réalisé ses premiers enregistrements pour la firme  Gramophone dans des hôtels, à Moscou et à Saint-Pétersbourg. Il enregistra à Paris, dès 1908, avec le chœur des théâtres impériaux ; ensuite à New York pour la Victor Talking Machine Company. Dans les années 1920, la Gramophone a pu l’enregistrer en live, pendant ses spectacles, dans les grandes salles d’opéra londoniennes. Dans les années 1930-1934, exilé désormais à Paris, Chaliapine a encore effectué de nombreux enregistrements à la Salle Pleyel. Grâce aux progrès du phonographe, puis de la T.S.F., ces concerts ont pu se diffuser parmi des milliers d’amateurs de musique qui n’avaient pas accès aux grandes salles de concert. Proche de la Gramophone,  et de Fred Gaisberg, le directeur en Angleterre de la firme, lui-même participa activement à la promotion des phonographes. Nous évoquerons aussi le rôle important que joua Gaisberg, lorsque le grand artiste russe décida de quitter définitivement l’URSS, dans les années 1921-1922, pour s’installer à Paris. 

Chaliapine s’écoute grâce à un Gramophone

En projetant de nombreuses photos, Sylvie Mamy parlera des grands rôles de Chaliapine, en même temps qu’elle nous fera écouter sa voix, telle qu’elle était entendue à son époque, c’est-à-dire sur d’anciens 78 tours, et grâce aux phonographes, machines aussi prodigieuses qu’insolites conservées au PHONO Museum Paris.

Féodor Chaliapine par lui-même

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Musicologue et écrivain, Sylvie Mamy est directrice de recherche émérite au CNRS (Paris). Elle est l’auteur de nombreux ouvrages et articles, consacrés principalement à l’histoire de l’opéra baroque vénitien (elle a reçu le « Grand Prix des Muses 2012 » pour sa biographie de « Vivaldi » publiée chez Fayard). En 2017 elle a été nommée « Chevalier des Arts et Lettres ». Ces dix dernières années, elle s’est dédiée à sa seconde passion, la culture et la musique russes. Après de longues recherches dans les archives parisiennes, elle a publié aux éditions YMCA-Press (Les Éditeurs Réunis), à Paris, une volumineuse biographie de Feodor Chaliapine, qui a permis pour la première fois de mettre en lumière la carrière française de la grande basse russe.

 

Des exemplaires du livre de Sylvie Mamy seront disponibles à la vente lors de la conférence.

Christopher Andrew Maier est historien, artiste, pianiste, compositeur et enseignant chevronné. Il présente au cours de cette conférence Eldridge Reeves Johnson qui créa la Victor Talking Machine Company en 1901 et perfectionna le Gramophone à ressort pour offrir une musique de qualité au monde.

Dans ce one-man-show multimédia original, les images numériques et les vidéoclips sont  soigneusement préparés par Maier, tissant une tapisserie visuelle d’informations historiquement exactes enrichies d’anecdotes personnelles et de théories contemporaines étayées par des preuves.

Au PHONO Museum Paris

53, boulevard de Rochechouart

Le dimanche 26 mars 2023 à 17h

Entrée libre

Phrynis Pavillon assymétrique
Phrynis Pavillon assymétrique

Machine parlante à disques

TRANSNATIONAL PHONOGRAPHY

Conférence & Concert

13.05.2022 

19h – Phonomuseum Sankt Georgen im Schwarzwald (Allemagne)

15.05.2022 

15h – PHONO Museum Paris (France)

avec

Elodie A. Roy

Eva Moreda Rodriguez

Graham Dunning

Sascha Brosamer

Dinah Bird

Hank Strummer

TRANSNATIONAL PHONOGRAPHY

propose une lecture élargie et (décentrée) du terme ‘phonographie’ au-delà de la notion d’inscription sonore. Les intervenants – conférenciers et artistes – interrogent la phonographie comme une vaste pratique socio-matérielle, collective et vibrante, qui englobe activités d’enregistrement, de collection, de diffusion et d’écoute. Ils rendent hommage aux nombreux intermédiaires, matériaux, machines, imaginaires et lieux qui ont jalonné les débuts de l’industrie du disque de la fin du dix-neuvième au début du vingtième siècle. Cet événement multidisciplinaire et itinérant ouvre un dialogue entre l’industrie, la science, l’art, la musique et la culture populaire à travers des conférences, des discussions et des concerts. Il imagine aussi de nouveaux espaces où penser les cultures phonographiques d’hier en lien avec les pratiques et habitudes culturelles d’aujourd’hui. L’événement aura lieu au Phono-Museum de Sankt Georgen im Schwarzwald (Allemagne, Forêt Noire), lieu clé de l’industrie phonographique allemande et berceau de la marque DUAL, et au PHONO Museum de Paris (Xe), qui retrace plus de 160 ans d’histoire du son enregistré.

PROGRAMME:

CONFÉRENCE: 

Elodie A. Roy

« Close at a distance: Emergent intimacies of the early phonograph era »

Eva Moreda Rodriguez

« Before the recording industry: Imaginaries of the phonograph, 1877-1897 »

CONCERT:

Graham Dunning & Sascha Brosamer

« Performance avec gramophones et platines »

Radio Feature 

by Dinah Bird

Victor Maurel dans le rôle de Iago (Otello)

Le vendredi 15 octobre 2021 s’est tenu au PHONO Museum Paris une conférence dédiée aux créateurs et créatrices des rôles phares du grand répertoire lyrique au carrefour des XIXe et XXe siècles.

À l’instar de Rosa Raïsa (la première Turandot) ou Victor Maurel (créateur d’Iago et Falstaff), on pouvait y entendre des documents sonores accompagnés par des images et notices biographiques sur Mary Garden, Maria Jeritza, Lotte Lehmann, Olive Fremstad, Selma Kurz, Lucien Muratore, Manuel Fleta, Mattia Battistini, Emma Calvé, Maurice Renaud, Lilli Lehmann, Francisque Delmas, Emmy Destinn, Francesco Tamagno,Olive Fremstad, Gemma Bellincioni, Fernando de Lucia, Elisabeth Rethberg, Richard Tauber, Gilda dalla Rizza.

La conférence a été donnée par Stefano van Catalano, chef d’orchestre. Le conservateur du musée, Jalal Aro, a aidé dans la compréhension de chaque technique d’enregistrement, de la gravure cylindrique en cire, verticale ou latérale en gomme-laque aux pavillons en bois, métal ou cristal et toutes leurs qualités.

Voici le texte de cette conférence :

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On commence cette conférence avec un monument, la chanteuse allemande Lilli Lehmann, dont Reynaldo Hahn disait « elle était la plus grande technicienne vocale de l’histoire du chant ». Pour Richard Wagner, elle créa en 1876 trois rôles dans sa tétralogie :  Woglinde dans L’Or du Rhin, Orthlinde dans La  Walkyrie et l’oiseau de forêt dans Siegfried.  Seule chanteuse pouvant chanter en mêle temps et avec réussite Lucia un soir suivi le lendemain par Brünhilde, elle possède le répertoire le plus étendu qui n’ait jamais existé et nous laisse un traité sur le chant considéré comme référence absolue.  C’est elle qui fonde le festival de Salzbourg en 1901. Ses disques sont rares car enregistrés dans une série à un âge (58 ans) où la plupart des sopranos avaient déjà arrêté depuis 10 ans, mais Madame Lehmann comme vous voyez, n’a rien de frêle et ni de délicat et ses choix correspondent : de L’enlèvement au Sérail de Mozart, le premier air torture de Constance : Ach ich liebte, 1907.

Avant Brigitte Bardot elle s’est battue pour les droits des animaux. Parmi ses  derniers mots avant de mourir, « Pourquoi n’ai-je plus de temps pour apprendre ? … L’art est trop difficile et la vie trop courte.« 

Vient ensuite la création mondiale d’Otello de Verdi en 1887, opéra pour lequel on trouve deux protagonistes qui nous ont laissés des documents sonores exceptionnels de ces rôles.  En Otello, la voix dite « le plus glorieux ténor robusto de l’histoire« , Francesco Tamagno, choix voulu par Verdi et l’air qui devient son cheval de bataille qu’il chantera dans le monde entier jusqu’à sa mort prématurée à 54 ans. Pour Verdi, il créa aussi Gabriele Adorno dans la version révisée de Simone Boccanegra en 1881 : Ora e per sempre addio, 1903.

Tant que Tamagno a été un proche de Verdi, le baryton français Victor Maurel, qui créa pour lui le rôle de Iago, puis celui de Falstaff en 1893, entretenait des rapports beaucoup plus conflictuels avec le grand maître du lyrique italien, ceci à cause d’une arrogance débordante peu appréciée. Toutefois le Marseillais, grand comédien, était vu comme plus grand baryton verdien de son époque, bien que ses collègues français Jean Lassalle et surtout Maurice Renaud avaient des voix plus impressionnantes. Parmi d’autres rôles fétiches qui contribuent à sa renommée internationale, on cite souvent Don Giovanni de Mozart et Hamlet d’Ambroise Thomas. En 1892 il rajoute à son Palmarès la création de Tonio en Pagliacci de Leoncavallo.  Ici il chante avec aplomb Quando ero paggio, tiré de Falstaff, 1907.

Gemma Bellincioni a été une des plus importantes chanteuses du XIXe siècle. Avec la  roumaine Hariclea Darclée, la première Tosca, dont récemment un enregistrement privé a été découvert et estimé aux enchères à 1.2 millions de dollars chez Southeby’s, la Bellincioni partageait tout le répertoire de l’école « veriste », créant Santuzza en Cavalleria Rusticana en 1890 ainsi que Fedora pour Giordano en 1898 avec le jeune Enrico Caruso. En 1906 elle est la première Salomé en Italie. Verdi était très admiratif de son interprétation de Violetta à La Scala en 1886, mais malgré ses compliments, le compositeur ne lui propose pas le rôle de Desdemona pour sa création d’Otello l’année suivante, ceci peut-être par rapport à un style qui quitte pour toujours le soin de la ligne belcantiste.  Cette approche quasi improvisée trouve son exemple dans l’enregistrement de Ah fors’é lui qui date de 1903.

Son enregistrement de l’air de Santuzza laisse perplexe car musicalement presque  incompréhensible et se trouve sur YouTube. Madame Bellincioni  a aussi joué avec succès dans plusieurs films muets.

Ses disques donnent une idée très mitigée de son art, son partenaire pour Fedora allait rapidement comprendre comment faire  pour que l’enregistrement  devienne témoignage du grand chant et moyen pour populariser l’opéra.

Enrico Caruso enregistre officiellement pour la première fois dans une chambre d’hôtel à Milan en 1902. Précédé par son succès fulgurant en Fedora, puis la création de Maurizio dans Adriana Lecouvreur  la même année, ces deux séances allaient lancer sa  renommée internationale et encourager d’autres grandes voix italiennes à oser l’expérience devant un pavillon.  Ces premiers pas n’ont rien de la certitude et de la maîtrise du ténor des ténors que l’on connaitra plus tard, mais Caruso prend ses repères et nous témoigne d’une douceur non-barytonale qui marque ses débuts.  En publicité, on se sert toujours d’une photo prise en 1892 montrant le ténor drapé d’une couverture de lit utilisée in extremis puisque sa seule chemise était à la laverie.  Amor ti vieta, le tube de Fedora, avec le compositeur au piano.

On reviendra plus tard à ce ténor tant aimé, mais tout d’abord, une expatriée en Russie, Medea Mei-Figner, Figner pour son mari ténor Nikolaï  Figner. Quittant Florence en 1887 après avoir commencé un belle carrière en mezzo-soprano, puis rajoutant de plus en plus des rôles de soprano, elle s’installe à Saint Petersburg avec son mari, rencontré d’ailleurs en Amérique du Sud pendant une production de « Favorite ». Pendant 15 ans ils deviennent le couple artistique incontournable en Russie Impériale, jouant presque toujours ensemble sur scène. En 1888, elle rencontre Tchaikowski afin de lui demander des conseils dans la préparation d’Eugène Onegin. Le compositeur écoute et bouleversé  lui dit de ne rien changer, car elle incarne la Tatyana qu’il aurait toujours voulu. Toute de suite, il lui confie la création de Lisa dans la Dame de Pique en 1890, puis Iolanta en 1892, les Figners faisant depuis partie de son cercle intime d’amis. En 1900 elle sera la première Mimi en Russie après avoir étudié le rôle avec Puccini. Ses disques sont extrêmement rares : ici on l’écoute dans un rôle qu’elle chante depuis ses débuts de carrière, Carmen.

En même temps que Mei-Figner fait sensation au Marinsky, Giuseppe Borgatti se dévoile comme le  plus grand « heldenténor » italien de tous les temps. Avant d’être choisi par Toscanini pour incarner le premier Siegfried en Italie en 1899, il créa le rôle d’Andrea Chénier à La Scala, remplaçant aux pieds levés Alfonso Garulli  en 1896, démontrant une puissance barytonale jusqu’alors uniquement associée avec les ténors héroïques allemands.Son succès est tel qu’en 1904 il sera le premier ténor italien invité à se produire à Bayreuth. Ici il chante le récit de Lohengrin qui provoque le cataclysme de la scène finale, 1919.

La carrière de M. Borgatti a été coupée nette en 1914, où, à la suite d’une maladie, il est devenu aveugle.  Il continuait à enregistrer puis à enseigner jusqu’à sa mort.

Maintenant on passe à la création qui annonce la « French Connection », L’amico Fritz de Mascagni.  Pour créer son héroïne  Suzel en 1891, Mascagni choisit Emma Calvé, phénomène de la Belle Epoque, considérée comme la plus grande Carmen de tous les temps, rôle qu’elle chante mille fois dans le monde entier.  Devenue personnage mythique d’un rare dynamisme, Massenet écrit la Navarraise pour elle en 1894 ainsi que Sapho en 1897. Afin de soutenir l’entrée des forces américaines dans la Première guerre mondiale, elle chante la Marseillaise devant 30 000 personnes enthousiasmées  à New York. D’une générosité excessive , après avoir mené une vie de reine, elle meurt complètement démunie d’une cirrhose du foie en 1942. Ses disques ont tendance à décevoir tant elle avait besoin de public pour activer sa magie, en revanche son enregistrement de Il est doux, il est bon de Massenet’s Hérodiade nous donne une petite idée,  1908.

Le partenaire de Calvé pour « L’amico Fritz » était Fernando de Lucia, ténor fétiche à qui Mascagni confie par la suite les créations de I Rantzau, Silvano, et Iris. Aujourd’hui considéré comme étant grand belcantiste, presque tous ses succès de l’époque ont été dans le répertoire vériste; il sera le premier Canio en Pagliacci à Londres, et on lui demande de chanter aux funérailles de Caruso. D’une voix courte et pas particulièrement puissante, il se révèle dans la maîtrise des nuances et d’un phrasé à l’ancienne, enregistrant un bonne partie de ses disques en-dessous de la tonalité d’origine, comme dans son Je crois d’entendre encore de 1906.

Avec ce professeur de Georges Thill, on passe en France au début du XXe siècle.  1902 voit la France musicalement propulsée dans l’époque moderne avec la création de Pelléas et Mélisande.  Contestée par Maeterlinck  mais nullement par Debussy, c’est l’écossaise Mary Garden qui incarne Mélisande.  Appelée la « Sarah Bernhardt du lyrique »  ses plus grandes créations seront selon elle « des créatures spirituelles », parmi lesquelles elle compte Mélisande, Thaïs, et le rôle de Massenet qu’elle créa en Amérique, Jean, dans Le Jongleur de Nôtre-Dame. Ecrit pour ténor, ce n’est pas Massenet, mais le baryton Maurice Renaud qui insiste pour que Garden chante le rôle en version soprano afin d’appuyer sur  l’innocence du personnage. Le succès sera retentissant, et malgré le plaisir qu’elle aura à créer Chérubin pour Massenet en 1905, rôle spécialement écrit pour elle, c’est le petit jongleur qui restera son expérience la plus touchante. Liberté de 1911.

La contralto Jeanne Gréville-Réache artageait la scène avec Mary Garden dans le rôle de Geneviève lors de la création de Pelléas.  Sa carrière se lance grâce aux efforts de Emma Calvé et Pauline Garcia-Viardot en 1899. Suite à une dispute avec Albert Carré, elle quitte l’Opéra-comique pour Bruxelles et Londres, et, à partir de 1907, devient très populaire au Manhattan Opéra de New York, où elle défend brillamment tout le répertoire français, en particulier les rôles de Dalila, Charlotte et Carmen, un peu le pendant de Marie Delna à Paris. Dotée d’une « des plus belles voix du siècle » selon Oxford, cette étoile filante meurt subitement à l’âge de 32 d’une intoxication alimentaire. Enceinte de six mois, son agonie emporte également l’enfant.  ╔coutons Mme. Gerville-Réache dans l’air des pleurs tiré de Werther de Jules Massenet, 1909.

Maurice Renaud a joui d’un réputation internationale pour la grande beauté de sa voix de baryton ainsi que pour la maîtrise de son jeu.  Il a participé à plusieurs créations d’opéras assez populaires au début du siècle mais depuis tombés dans l’oubli, comme Sigurd de Reyer en 1884 ou Salammbô en 1890 du même compositeur.  Ses créations pour Massenet dans Le Jongleur de Notre-Dame 1902 ou Chérubin avec Mary Garden 1905 contribuent à faire jouer ces œuvres dans le monde entier, car il suivra Garden aux Etats-Unis en 1907 avec Athanaël en Thaïs. Son interprétation de Méphisto dans la première mise en scène de la Damnation de Faust de Berlioz en 1893 complète son palmarès.  Les éloges de Garden à son égard sont sans bornes en ce qui concerne l’artiste; toutefois elle reste réservée par rapport à son manque de générosité sur scène. Ses disques sont rares; ici un des rôles wagnerien qu’il chantait en français, Wolfram et sa Romance de l’étoile tiré de Tannhäuser, 1903.

Maintenant un vraie rareté pour clore la partie française, car nulle part au monde sauf dans cette pièce.  Georgette Bréjean-Silver, créatrice de la fée dans Cendrillon de Massenet en 1899 et pour laquelle le compositeur, tellement convaincu par son interprétation de Manon, écrit une gavotte alternative dans la scène cour la reine, connue sur le titre Fabliau.  Décédée à Neuilly en 1951, le conservateur du PHONO Museum Paris Jalal Aro, a pu récupérer quelques titres de ses descendants qu’elle a refusé de faire publier, le précisant bien avec NON mentionné sur le disque !  Écoutons de Thaïs, Qui te fait si sévère, 1905.

La création mondiale de Butterfly à La Scala 1904 fut un des pires fiascos dans l’histoire de l’art  lyrique italien.  Malgré des éloges de l’orchestre dès la première répétition et une distribution de rêve, l’augmentation exagérée du prix des places et d’autres facteurs inexplicables ont mené au désastre. Un public remonté n’hésitait pas à participer à l’événement, un spectateur criant au moment où une bouffée d’air arrive de derrière les coulisses et fait gonfler le kimono de la héroïne : « Cio-cio san est enceinte! » Bien sûr lorsqu’elle revient au moment clé du deuxième acte montrant l’enfant né depuis le départ de Pinkerton, le pandémonium commença : hurlements vulgaires, rires hystériques, sifflements —le cirque continua jusqu’à la fin du spectacle, la salle répondant aux chants d’oiseaux dans  l’orchestre avec des grognements de cochons et d’autres interventions grotesques.  Rosina Storchio, artiste tant  aimée de l’époque, n’arrivait plus à chanter la scène finale tellement elle pleurait.  Elle avait déjà crée pour Leoncavallo Musetta dans sa « Bohème » 1897 et Zaza en 1900, ainsi que Siberia pour Giordano en 1903, mais dans bien d’autres conditions.

On l’entend dans son répertoire de prédilection, le Bel Canto, chanter « O luce di quest’anima  » de Donizetti, 1905.

La Scala retire Butterfly de suite et Puccini écrit à Ricordi qu’il se sent comme un criminel, mais on verra avec le temps.

Il révise l’œuvre en coupant presque 45 minutes et réaménageant en trois actes. Trois mois plus tard on organise dans le petit théâtre de Brescia un reprise avec celle dont Puccini dira plus tard « elle a sauvé ma Butterfly« , la soprane ukrainienne Salomea Kruscelnytska. Cette grande chanteuse, protégée de Gemma Bellincioni,  avec laquelle on se disait privilégié de partager la scène, avait une voix immense et souple, et créa Elektra de Strauss en Italie en  1910, d’où après le succès fulgurant de la révision de Butterfly, une évolution s’est produite dans deux types de voix associées avec le rôle, Butterfly lyrique comme Storchio, qui a repris le rôle à La Scala et le chantait jusqu’à la fin de sa carrière,  et dramatique, de notre époque bien démontré par une Butterfly de Moffo versus celle de Leontyne Price.  Écoutons Salomea Kruscelnytska dans Puccini, cette fois-ci « Vissi d’arte » de Tosca, 1903.

Celui qui a pris le rôle du Consul Sharpless dans les deux versions de Butterfly était le baryton italian à qui on accrédite une des plus longues carrières du lyrique, dû à une technique et stabilité personnelle infaillible, Giuseppe de Luca. En 1902 il crée à côté de Caruso et Angelica Pandolfini  le rôle de Michonnet dans Adriana Lecouvreur. Sharpless l’amènera à Londres en 1905 et il couronna ses créations avec celle de Gianni Schicchi au Metropolitan Opera de New York en 1918.

Il chantera sans jamais affaiblir ses moyens pendant 50 ans avant de devenir professeur au Juilliard de New York. Ici on l’entend avec l’autre célèbre chanteur doté  d’un legato d’une perfection presque inégalée, Bengiamino Gigli , en 1930 : « Ah Mimi tu più non torni » de « La Bohème ».

La première Butterfly à Londres  sur scène avec Giuseppe de Luca en 1905 sera la soprano  tchèque qui, en protégée de Cosima Wagner, avait déjà eu un énorme succès à Bayreuth en Senta, 1901, Emmy Destinn.  Suite à sa Butterfly à Londres, Richard Strauss lui demande de créer Salomé pour Berlin et Paris, resté sur sa faim avec Marie ou « tante » Wittich, qui trouva le rôle trop indécent. Destinn triomphe avec Aïda au Met 1907 et à Paris, puis créa au Met avec Caruso, La Fanciulla del West en 1910. Ils restent proches, et le chagrin de Caruso et immense lorsqu’elle sera assignée  à domicile avec interdiction de quitter Prague par les autorités autrichiennes pendant toute la première guerre mondiale.  L’ampleur et pureté de sa voix, très difficile à enregistrée, se retrouve captée sur peu de disques. Ici on l’entend dans la Valse de Musette, « La Bohème »1911.

Puisque Caruso chantait à côté d’Emmy Destinn pour la création de Fanciulla mais étrangement, après avoir enregistré quasi tout le répertoire possible pour ténor, ne laissera même pas l’adieu de Dick Johnson pour la postérité, on vous propose une rareté, sa toute première version de Vesti la giubba de Pagliacci, ni 1904, ni 1908 qui se sont vendues comme des petits pains, mais celle de 1902 à Milan, la plus féroce et déchirante. Enrico Caruso.

On aurait pensé logique qu’en 1907, Destinn fasse la création américaine de Salomé après Berlin et Paris, mais finalement c’est la suédoise Olive Fremstad, élève de Lilli Lehmann, qui portera cette lourde tâche et le scandale sera total. Dans son zèle de préparation, Fremstad a demandé aux pompes funèbres de New York de pouvoir porter une vraie tête tranchée afin de vérifier combien elle devrait chanceler  sous son poids sur scène. Évidemment son interprétation réaliste a tellement choqué le public que l’opéra est banni pendant 17 ans du Met. Commençant en mezzo, Fremstad est devenue avec Gadski et Nordica une des grandes soprano wagnériennes de l’époque. Lorsqu’elle quitte la scène et s’essaie à la pédagogie, mais sa pratique d’initiation qui consistait en montrant une tête humaine déchiquetée dans un bocal rempli de formol afin d’étudier le larynx et cordes vocales a dû tellement horrifier ses élèves potentiels que cela a été sans suite. Interrogée, elle a répondu incrédule qu’il s’agissait d’ une première épreuve afin de voir si l’élève avait l’étoffe pour faire carrière ! Elle a laissé peu de documents sonores, mais de la chanson « Long, long ago » de 1911 nous témoigne qu’après plus que 200 apparitions en Brünhilde, Kundry, Venus, Sieglinde, Elsa et Isolde elle était capable de nous livrer un bel hommage à son professeur de par la pureté, beauté et aisance de son émission. Olive Fremstad.

Malgré toute l’admiration que Puccini portait envers Emmy Destinn, il a déclaré avoir trouvé sa Mimi idéale dans la voix de Gilda dalla Rizza, lui confiant la création du rôle de Magda dans « La Rondine » en 1917. Elle créa Suor Angelica et Lauretta en Gianni Schicchi en Europe deux ans plus tard. Elle est restée la soprano préférée de Puccini, prévue pour Liù en Turandot, mais à la création en 1926, sa voix était devenue trop lourde.  Document qui montre une voix charnue et puissante mais souple, « L’altra notte in fondo al mare » de Mefistofele d’Arrigo Boito, 1924, année de la mort de Puccini. Gilda dalla Rizza.

On repasse une dernière fois en France, avec le ténor le plus populaire de sa génération, Lucien Muratore.  Créateur de plusieurs rôles, aucun qui a intégré dans le répertoire, on cite Ariane et Bacchus de Massenet, Roma du même, Déjanire de Camille Saint-Saëns, et Pénélope de Fauré. Découvert par Emma Calvé, il débute avec elle dans La Carmélite de Hahn en 1902. Doté d’une voix brillante avec expressivité intense, il est invité par Mary Garden à Chicago où il triomphe comme partout. En 1931 il quitte l’opéra et redevient comédien, exactement comme il avait commencé à l’Odéon en partenaire de Sarah Bernhardt et Réjane avant de se prendre conscience de ses moyens vocaux.  Ici un de ses tout premier cylindres, la chanson à boire de , chanté en français, 1903.

Bref virage en Autriche avant de finir avec Turandot,  rôle que ces deux sopranos ont chanté avec un  énorme succès.

Maria Jeritza et Lotte Lehmann. Jeritza a même crée Turandot au Met, donc on commence avec elle. La « bombe de Moravie » comme on l’appelait a été choisi par Strauss pour créer son Ariane à Naxos dans la première version de 1912 (ce qu’elle décrit comme « complètement chiant« ) et la révision de 1916, dans laquelle la jeune Lotte Lehmann dans le rôle sera révélée.  A partir de ce moment les deux vont se détester à vie. L’électricité est palpable sur scène donc Strauss et les directeurs de l’opéra de Vienne essaient le plus souvent possible de les programmer ensemble. Elles vont créer « La Femme sans ombre » pour lui en 1919, Jeritza l’impératrice et Lehmann la femme.  Les débuts de Jeritza en Tosca au Met seront sensationnels et les premières américaines de non seulement Turandot, mais Jenufa de Janacek, Tote Stadt de Korngold et Ägyptische Helena de Strauss lui seront confiées. Comédienne d’un instinct et  charisme hors pair, Tosca préférée de Puccini, dotée d’une voix volumineuse de grande beauté, il est quasiment impossible de s’imaginer son effet sur scène à partir de ses disques vides d’émotion ; elle avait besoin d’un public, sinon elle s’ennuyait vite. Ici la prière d’Elisabeth, « Allmächtige Jungfrau », enregistré en 1927.

Lotte Lehmann, dont la beauté vocale n’avait rien à envier à Mme. Jeritza, reste toutefois une artiste d’un autre genre. Possédée par la justesse du phrasé, de l’expression, de l’humanisme dans la musique, elle reste une interprète privilégiée de Strauss, qui lui confie aussi la création de son Intermezzo en 1924, et la première à Vienne d’Arabella en 1933. Elle sera aussi la première Turandot à Vienne et la Suor Angelica préférée de Puccini, ainsi que probablement la plus célèbre Marschallin du XXe siècle. Dès les années 30, elle se spécialise dans le Lied devenant  une de ses  plus grandes interprètes. Elle écrit des nombreuses œuvres sur l’interprétation et fonde l’Académie de Musique de l’Ouest à Santa Barbara, où elle décède en 1976. Sur sa tombe à Vienne est une citation de Strauss : « Sie hat gesungen, dass es Sterne rührte » (Quand elle chantait, les étoiles étaient émues). Ici dans son autre rôle phare, Leonore de Beethoven, 1927.

Rosa Raisa, soprano russo-polonaise, avait été décrite par Toscanini comme une « Tamagno femelle« , la voix tellement puissante que les critiques en Amérique ainsi qu’en Europe affirmaient ne jamais avoir entendu une chose pareille.

Elle chante Francesca da Rimini de Zandonai un mois après sa création à La Scala et Puccini l’entend. Très impressionné il revient lorsqu’elle chante la création mondiale de Nerone, oeuvre posthume de Boito en 1924. Il lui dit qu’il travaille sur quelque chose pour elle; sa réaction est qu’elle espère qu’il y mette pleins de contre-ut ! La distribution est annoncée en 1924 mais Puccini meurt et 2 ans doivent s’écouler avant que l’œuvre soit achevée par Alfano. Enfin en 1926 Raisa créa un deuxième rôle posthume, Turandot, en 1926. Elle l’abandonna peu de temps après,  commençant à sentir son déclin vocal. Aucun des disques de Rosa Raisa ne réussit à capter l’immensité des volumes qu’elle produisait; toutefois on ne pouvait pas la mettre directement devant le micro, la plaçant souvent au milieu de l’orchestre ! En tout cas la voix partait en flèche, comme en témoigne ce disque du Miserere tiré de Trovatore de 1921.

On termine avec le premier à avoir chanté « Nessun Dorma », le grand ténor espagnol Miguel Fleta.  Au sommet de sa gloire après avoir créé Romeo pour Zandonai à Rome dans  Giulietta e Romeo, 1922, Toscanini insiste pour qu’il soit pris pour la création posthume de Turandot, malgré leur altercation à l’occasion de ses débuts à La Scala en Duca, lorsque Toscanini refusa de lui permettre des cadences trop élaborées.  Ce sera la consécration de sa carrière, même s’il l’abandonne juste après, jugeant le rôle trop lourd.  Luciano Pavarotti fera la même chose 50 ans plus tard, retenant uniquement le célèbre air, que malheureusement Fleta n’a jamais enregistré. En revanche, il nous laisse en témoignage de son art l’année de son Romeo pour Zandonai une des plus belles versions jamais mise sur disque de l’air de la fleur de Carmen. Miguel Fleta.

Grâce aux dons hors du commun et personnalités affirmées, parfois exacerbées de ces interprètes, les grands compositeurs à la fin du XIXe siècle comme tant d’autres avant eux, ont trouvé une inspiration supplémentaire, leur permettant de donner naissance à des chefs d’œuvre incontestés.  Ils méritent toute notre reconnaissance.

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Liste des artistes et airs ayant fait l’objet d’une audition pendant la conférence

ArtistesOeuvres –  Compositeurs –  Air –  Date

Lilli Lehmann – L’enlèvement au Sérail – W.A Mozart – Ach ich liebte – 1907

Francesco Tamagno – Otello – G. Verdi – Ora e per sempre addio – 1903

Victor Maurel – Falstaff – G. Verdi – Quando ero paggio – 1907

Gemma Bellincioni – La Traviata – G. Verdi – Ah fors’é lui – 1903

Enrico Caruso – Fedora – U. Giordano – Amor ti vieta

Giuseppe Borgatti – Lohengrin – R. Wagner – 1919

Emma Calvé – Herodiade – J. Massenet – Il est doux, il est bon – 1908

Fernando de Lucia – Les pêcheurs de perles – G. Bizet – Je crois d’entendre encore – 1906

Mary Garden – Le jongleur de Notre-Dame – J. Massenet – Liberté – 1911

Jeanne Gréville-Réache – Werther – J. Massenet – L’air des pleurs – 1909

Maurice Renaud – Tannhäuser – R. Wagner – Romance de l’étoile – 1903

Georgette Bréjean-Silver – Thaïs – J. Massenet – Qui te fait si sévère – 1905

Rosina Storchio – Linda di Chamounix – G. Donizetti – O luce di quest’anima – 1905

Salomea Kruscelnytska – Tosca – G. Puccini – Vissi d’arte – 1903

Giuseppe de Luca – La Bohême – G. Puccini – Ah Mimi tu più non torni – 1930

Emmy Destinn – La Bohême – G. Puccini – Valse de Musette – 1911

Enrico Caruso – Pagliacci – R. Leoncavallo – Vesti la giubba – 1902

Olive Fremstad – Th. Haynes BaylyLong long ago – 1911

Gilda dalla Rizza – Mefistofele – A. Boïto – L’altra notte in fondo al mare – 1924

Lucien Muratore – Cavalleria Rusticana – P. Mascagni – Chanson à boire – 1903

Maria Jeritza – Tannhäuser – R. Wagner – Allmächtige Jungfrau – 1927

Lotte Lehmann – Fidelio/Leonore – L. van Beethoven – 1927

Rosa Raisa – Le Trouvère – G. Verdi – Miserere – 1921

Miguel Fleta – Carmen – G. Bizet – Air de la fleur – 1922

 

Olive Fremstad

Une nouvelle conférence au musée le samedi 12 octobre 2019 à 16h.

Des Frères Jacques aux Cinq de Cœur, de Pow woW à Opus Jam, des Double Six aux Voice Messengers, des Blue Stars à Souingue, des Parisiennes aux Coquettes, des Masques à Zazou’ira, rencontre autour des groupes vocaux français des années 30 à nos jours, dans toute leur diversité : leur histoire, leurs influences, leur identité, leurs collaborations.

Pour en parler, autour de Rémi CARÉMEL (auteur du blog « Dans l’ombre des studios »), six invités exceptionnels :

– Alain CHENNEVIÈRE, chanteur du groupe Pow woW.

– Hubert DEGEX, pianiste, arrangeur et chef d’orchestre des Frères Jacques.

– Claudine MEUNIER (The Blue Stars of France) et Jean-Claude BRIODIN (Les Troubadours), chanteurs dans une douzaine de groupes vocaux des années 50/60/70 dont Les Double Six, The Swingle Singers (lauréats de plusieurs Grammy Awards), Les Masques, Les Fontana, Les Angels, Les Riff, etc.

– Rose KRONER et Sylvain BELLEGARDE, chanteurs du groupe The Voice Messengers.

Entrée à partir de 10€ (possibilité de faire un don ; un reçu fiscal sera fourni). Réservation conseillée via Hello Assos.

L’intégralité des recettes sera versée à l’association Phonoplanète, qui aide à la préservation du PHONO Museum Paris, musée de la musique enregistrée, tenu par des bénévoles. 

Jalal Aro, conservateur du PHONO Museum Paris, répondra aux questions des visiteurs sur tous les détails historiques ou techniques.