À la fin du XIXe siècle et au début du XXe lors de l’apparition des machines parlantes, la question (sérieuse) qui s’est posée était de savoir comment faire connaître cette magnifique invention qu’était le son enregistré. La photographie a profité de la peinture pour les images, mais le son ? Rien d’équivalent.
Les premières auditions publiques du son son enregistré sont dues aux forains qui à la fin du XIXe siècle allaient de foires en foires présenter leurs drôles de machines et faire écouter de la musique aux gens. En témoigne le superbe class M Edison de 1894 exposé au musée.
Le principe est très simple : on se regroupe (jusqu’à 18 personnes) autour de l’appareil, on met les écouteurs dans ses oreilles et on lance le cylindre. Après avoir payé le forain bien sûr ! Pas sûr que les conditions de propreté soient respectées. À noter qu’au tout début, ces auditions n’ont pas été organisées par les constructeurs de machines parlantes.
Devant le succès, les forains n’ont pas perdu de temps et se sont mis à louer des locaux proches des lieux qui regroupaient beaucoup de gens comme les expositions par exemple, toujours sans lien avec les fabricants. Les forains achetaient les machines.
Mais, dans les premières années du XXe siècle, l’industrie, devant le succès de ce commerce, se réveille. Un certain nombre de marchands de phonos et de cylindres/disques se sont équipés de dispositifs d’audition pour leurs clients, parfois dans des lieux dédiés. Le plus célèbre est probablement la salle d’écoute du Salon du Phonographe de Pathé boulevard des Italiens à Paris, ouverte en 1898, comme nous le montre le très interessant site Disquaires de Paris.
Mais il y en avait bien d’autres. La fameuse affiche Gramophone avec les perroquets qui est au musée fait la pub de la « Maison du Gramophone », ouverte en 1901, voisine du Salon du Phonographe sur le même boulevard des Italiens, en voisin au numéro 28.
Des commerçants plus petits et pas directement liés à des marques phonographiques comme Pathé ou Gramophone proposaient des dispositifs similaires.
C’est le cas par exemple de Palace-Chanson, salle d’audition située au 27, boulevard de Strasbourg / 9&11 Passage de l’Industrie à Paris Xe, maison fondée en 1905 nous dit la publicité.
Il suffisait d’acheter un jeton et d’aller écouter musique ou chanson. Nous avons au musée des jetons utilisés à l’époque.
Recto Verso d’un jeton de Palace-Chansons. À noter que l’on trouve encore sur Internet des jetons à vendre (entre 5 et 9 € pièce)
D’autres établissements existaient comme celui de la Kermesse des Bouffes, 209 rue du faubourg Saint-Denis Paris Xe aussi, non loin de la place de La Chapelle et de l’actuel théâtre des Bouffes du Nord.
Recto Verso d’un jeton des Bouffes
On peut citer aussi l’établissement du 14, boulevard de Clichy à deux pas de Pigalle dont voici un exemplaire de jeton d’audition
et celui du 76, boulevard de Rochechouart, presque en face du PHONO Museum, jouxtant l’actuel Trianon, toujours à Paris. La salle du boulevard de Clichy s’est peu à peu transformée au cours des temps passant de salle d’auditions à salle jeux (flippers et jeu d’arcade) et a, hélas, fermé ses portes à la fin des années 90 pour laisser la place à un magasin de souvenirs.
Les auditions se faisaient avec des appareils du type Autophone de chez Pathé. Celui que nous avons au musée date certes de 1925, mais il ne diffère guère de ce qui existait quelques année avant. Il n’y avait pas de choix. Un seul morceau de musique ou une chanson pouvait être écouté avec des écouteurs sur cet appareil, la partition s’affichant dans la partie haute (ici une page de couverture du Petit Journal).