La Bibliothèque nationale de France (BnF) avait bien fait les choses pour célébrer les 80 ans de collecte de l’édition phonographique. En effet, c’est en 1938 que les décrets d’application d’une loi de 1925 ont été publiés permettant ainsi à ce qui n’était pas encore la BnF, d’assurer son rôle patrimonial en collectant tout ce qui est publié en France pour la musique (partitions, disques, …) les images étant elles collectées par l’Institut National de l’Audiovisuel (INA). Rappelons que pour les supports écrits, cette mission patrimoniale date …. du roi François 1er.
C’est le département de l’Audiovisuel de la BnF qui gère cette collecte. Plusieurs services ont été créés : celui des supports optiques (CDs, bandes magnétiques), celui des cylindres, 78 tours et microsillons, celui de la musique électronique qui gère par exemple aujourd’hui l’héritage de l’œuvre du compositeur Pierre Henry. 1,2 millions de supports sonores constituent le fonds de ces services : 7 000 cylindres, 35 000 bandes magnétiques, 100.000 cassettes audio, 300 000 disques 78tr, 300 000 disques microsillons et 350.000 disques compacts sans oublier 13 000 disques à gravure directe. Excusez du peu … La BnF ne trie pas les entrées. Son catalogue s’enrichit comme au fil de l’eau, de façon chronologique en fonction des arrivées. Le premier CD stocké est un disque de Simon & Garfunkel de 1983.
Une visite de ce département Audiovisuel était au programme de cette journée de célébration. Outre les magasins où sont stockés les supports sonores, la visite de la collection Charles Cros était prévue. Cette collection est constituée de 1 400 machines des origines du son enregistré (1877 pour la BnF) à nos jours. Elle comprend également les jeux vidéo et donc les consoles qui vont avec. C’est une magnifique collection. Considérant sa mission patrimoniale, la BnF ne restaure pas ce qu’elle collecte à de très rares exceptions près. Concentrée sur sa mission de sauvegarde du patrimoine, la BnF ne présente que très rarement sa collection. On peut le comprendre mais c’est un peu dommage car il y a des choses fantastiques.
L’après-midi de cette journée était plus concentrée sur les défis que la BnF rencontre aujourd’hui en matière de collecte. De 12.000 dépôts en 2012, elle est passé à 8.000 en 2017. Il n’y a pas baisse de la production il y a baisse des dépôts essentiellement due à la dématérialisation des productions. La BnF regarde l’histoire récente des supports sonores en trois étapes : la numérisation d’abord puis la dématérialisation (fin des CDs remplacés par des fichiers MP3 par exemple) qui toutes deux amènent à un changement dans l’usage des supports par chacun d’entre nous (le streaming par exemple). Aujourd’hui, suivant la BnF, plus de 90% des productions sonores (250.000 selon la BnF) se font de façon dématérialisée et beaucoup de ces productions passent au travers de ses filets.
Une anecdote illustre bien le rôle de le BnF même s’il ne concerne pas directement la musique. Un producteur voulait relancer la carrière d’un ancien film de Claude Lelouch. Ce producteur en avait perdu la copie et même Claude Lelouch ne l’avait pas. La BnF en a fait une copie.